Super Lune un peu supercherie

C’était hier soir, la Super Lune! Il faut remonter à 1948 pour trouver une Lune aussi proche de la Terre, et attendre 2034 pour la prochaine fois. Je n’étais pas né en 1948, et 2034 me trouvera certainement moins vigousse (ou même moins vivant ) donc pas d’hésitation, je ne veux pas manquer l’événement. Evénement? Pas sûr.

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J’embarque mon appareil photo, un trépied et une doudoune bien chaude dans mon sac à dos et départ.  Un stratus dense soulevé par la bise masque le ciel en-dessous de 1’300m, direction les Préalpes. Une Super Butte pour une Super Lune, j’ai nommé Dame Berra. Montée en pô2foc tranquille, histoire de ne pas transpirer – va faire froid là-haut. Petite pause photo à mi-hauteur pour immortaliser la mer de brouillard au soleil couchant.

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Parti un peu tard, retardé par le poids du sac, les photos en cours de route et la montée trop tranquille, la Lune ne m’a pas attendu. Elle s’élève déjà sur l’horizon, nimbée d’orange, lorsque je l’aperçois juste avant le sommet. Trépied vite déployé et planté dans la neige, je commence à mitrailler en variant cadrages et expositions. Pas facile de manipuler l’appareil avec les doigts gelés par la bise, à la lueur de la frontale.

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Trop froid! Je range mon matos en grelottant, décolle mes peaux, boucle mes chaussures et saute sur mes skis pour rejoindre en contrebas un petit chalet qui m’abritera pour prendre encore quelques clichés. Adieu solitude: la désormais traditionnelle horde de skieurs-alpinistes monte maintenant à l’assaut, cyclopes à l’oeil lumineux, au collant en fibres techniques et aux pieds chaussés de carbone. Pensée fugace et nostalgique pour mes premières randos hivernales à la pleine Lune, il y a presque 20 ans… nous n’étions qu’une poignée, en tenue de montagne, sur des skis étroits et lourds, à profiter de ces instants magiques.

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Mais revenons à cette prétendue Super Lune: elle ne m’a pas paru plus grande qu’à l’accoutumée. Il m’est souvent arrivé de la surprendre, bien plus impressionnante, à son lever, en particulier lorsqu’elle point entre des immeubles en ville ou des arbres en campagne. Pourquoi? Pas d’effet de loupe ou de réfraction atmosphérique comme le prétendent certains, simplement une illusion d’optique générée par notre cerveau, en raison justement de la présence à l’horizon de points de comparaison.

14% plus grande à son périgée (distance minimale Terre-Lune) qu’à son apogée, cette différence n’est pas perceptible à l’oeil nu. Le buzz autour de la Super Lune viendrait principalement des médias anglo-saxons, habitués à user et abuser du préfixe super: Super Bowl, Super Tuesday, Superman, Super Trump – je préfère Supertramp, suis un « Dreamer » sans doute, spécialement à la pleine Lune.

Photographier la Lune n’est pas si simple techniquement, le résultat est souvent décevant. Mais se balader de nuit en pleine nature au-dessus du stratus, baigné par cette lumière si particulière, c’est se fabriquer à coup sûr de Supers Souvenirs! Ce sera l’objet d’une prochaine balade thématique.

JS