Je ne pensais pas y retourner si rapidement, juste 8 mois après ma première mission (voir cet article). Mais il faut battre le fer pendant qu’il est chaud, ou plutôt planter des piquets de balisage avant que le sol ne regèle.
En février dernier, une partie du travail fut de repérer de potentiels itinéraires de randonnée en raquettes, en tenant compte de différents critères: accessibilité, attractivité et surtout sécurité, en particulier vis-à-vis du risque d’avalanche. Certains de ces itinéraires seront balisés, alors que d’autres simplement référencés et mis à disposition des guides de randonnée locaux afin qu’ils y emmènent leurs clients.
Avec l’aide d’une équipe de ces guides, nous nous sommes attaqués au balisage de plusieurs itinéraires, non loin de Karakol dans le parc naturel, ainsi que sur le vaste plateau dominant Jyrgalan, un village retiré à l’est du pays.
Un cinquantaine de piquets, confectionnés localement et munis d’un astucieux système d’ancrage dans le sol, furent nécessaires pour marquer les quelques 10 km d’itinéraires en boucle, offrant plusieurs variantes. L’une d’entre elles conduit au Manas Rock, référence au héros, guide et unificateur des Kirghizes.
Grâce à l’efficacité et à la motivation du groupe, soutenu logistiquement par l’équipe locale d’HELVETAS, nous avons bouclé le balisage en deux jours seulement. Voir aussi cette vidéo. Et rien de tel qu’un pique-nique « léger » pour reprendre des forces et réduire le risque d’hypoglycémie 🙂
GPS et cartes en main, nous avons référencé d’autres itinéraires. L’occasion de redécouvrir ces magnifiques paysages, débarrassés de leur gangue de glace et de neige, sous une belle et chaude lumière automnale. Quel contraste!
Après la visite d’un nouveau village de yourtes, il est temps de penser au retour. La route entre la capitale Bishkek et Karakol passe soit par le nord ou par le sud de l’immense lac Issyk-Koul, plus de dix fois la superficie du lac Léman. La route sud, bien que plus longue, offre des paysages d’une grande variété. C’est celle que nous avons choisie pour nos trajets aller-retour.
Tantôt autoroute, tantôt piste, elle requiert du conducteur d’être particulièrement attentif. Des arrêts réguliers sont recommandés pour se reposer, profiter du paysage, ou gérer les effets secondaires d’une méchante petite salmonellose 🙁
A l’occasion de l’une de ces pauses, nous avons croisé un trio de cyclistes français, partis de Paris pour rallier… Tokyo. Quel effort, et quelle aventure sur 18 mois.
Retour à la capitale et consultation médicale en ce qui me concerne, en clinique privée et sans rendez-vous. A peine 15 minutes d’attente, un peu moins de CHF 10 payés d’avance et un antibiotique à large spectre prescrit par un médecin à l’anglais embryonnaire (merci les apps de traduction) et à la spécialité probablement pas exactement en lien avec mes bactéries: au vu de l’équipement du cabinet, je suppute en effet qu’il pratique plutôt la gynécologie 😉
En voie de guérison mais trop faible pour envisager le trek en autonomie initialement prévu, je dois me résoudre à écourter mon séjour. Je me contenterai d’une petite randonnée dans le parc d’Ala Archa, juste avant un changement de météo qui atténue un brin mes regrets. En effet, les conditions n’auraient pas permis de dormir sous tente à 3’400 m avec la neige et des rafales à près de 100 km/h.
De retour en Suisse se pose la question: et la suite? Le projet d’HELVETAS va-t-il se poursuivre, en dépit des réductions massives du budget de la DDC? Il reste beaucoup à faire pour que les guides de randonnée locaux puissent accéder à une reconnaissance internationale, et pour baliser de nouveaux itinéraires si la pratique de la raquette à neige se popularise.
En mettant à profit les contacts que j’ai noués et mon expérience, je suis en mesure d’organiser en peu de temps un voyage au Kirghizstan. Automne 2025, printemps ou automne 2026? Et si vous me faisiez part de votre intérêt en me contactant?
JS