Des mois que je préparais ces 2 semaines voile & randonnée aux Lofoten. Embarquer 2x 10 personnes d’âge et de condition physique disparates, pour la plupart sans expérience de la mer, sur un voilier pour faire de la randonnée à 2’500 km d’ici, c’est un joli défi. Je n’aime pas trop laisser de place au hasard ou à la chance, mais pas moyen de tout maîtriser: la météo, les conditions de mer et de terrain, l’alchimie qui se créera – ou pas – entre les participants font partie des impondérables qui pimentent ce type d’aventure. De retour de ce voyage, je résume cette expérience ainsi: que du bonheur!
Les Îles Lofoten sont un archipel norvégien situé au-delà du cercle polaire. Il devrait y faire très froid, spécialement en hiver, mais grâce au Gulf Stream le climat ressemble à celui de nos Alpes. Le soleil ne se couche pas de fin mai à mi-juillet (soleil de minuit).
Les paysages ont été taillés par les glaciers, succession de pics plongeant dans la mer, de collines verdoyantes, de fjords insondables, de criques et d’anses peu profondes où l’eau prend la couleur des lagons tropicaux (mais avec 10-15 degrés de moins). Quelques petits villages et « villes » (Svolvær, la plus grande des Lofoten, ne compte que 4’300 habitants) parsèment les côtes, assemblages hétéroclites de maisons aux couleurs vives, majoritairement rouges, les « rorbuer ».
Les Lofoten sont devenues populaires pour la grande variété de randonnées qu’elles proposent, de la simple balade côtière jusqu’à l’escalade des plus hautes montagnes (un peu plus de 1’100m d’altitude, mais en partant du niveau de la mer…), en passant par les traversées. Il existent des cartes au 50’000 et pas mal de guides décrivant les randonnées, mais attention: les cotations sont plutôt sous-évaluées et les chemins figurant sur les cartes parfois très éloignés de la réalité du terrain voire… inexistants.
Il y a aussi la faune, sur terre et dans l’eau. Nous avons pu observer, dans le désordre: goéland (facile), aigle à queue blanche (pas rare), huitrier pie (moins facile), fou de Bassan (de loin, pas certain), macareux, guillemot à miroir (dans le Trollfjord), lagopède des saules, marsouin, baleineau (photo Pierpaolo), plusieurs espèces de méduses, bébé mérou (pêché et relâché), colin, bar et cabillaud (pêchés et mangés), rennes, peut-être aussi une femelle élan au-travers des vitres du « Flybussen ».
Et la flore, composée majoritairement de bouleaux nains, de saules, de sorbiers, de pins (plantés par l’homme), des tapis de cornouillers de Suède, quelques orchidées, beaucoup de fougères et de mousses.
La météo fut de notre côté, avec à peine une demi-journée légèrement pluvieuse par semaine, et des températures plutôt chaudes. Chaleureuse fut aussi l’ambiance, exceptionnelle même. C’est l’avantage des voyages au long cours, durant lesquels le temps prend une autre valeur. On ne parle plus de lundi ou de mercredi mais d’hier et de demain. L’alchimie opère, les barrières s’effacent, des amitiés se nouent, se fortifient.
Le milieu confiné mais confortable du voilier contribue à la magie. C’est notre abri, notre refuge, notre maison loin de la maison. Il vit, gîte, glisse dans la vague lorsque ses 450 m2 de voiles entrent en action. Nous aurions aimé vivre ces sensations de navigation plus souvent, mais l’anticyclone qui nous a garanti le beau temps fut un peu avare en airs – on ne peut pas tout avoir…
Dans les entrailles du voilier, le grand et lumineux carré est le lieu où nous nourrissons corps et esprits. Son vaste pont recèle de nombreux endroits pour discuter, contempler, pêcher, méditer, et même danser! La bôme, surmontée de la grand-voile repliée, se transforme en un nid qui domine la situation, abrité du vent. C’est mon coin préféré, mais plus vraiment secret – il y avait même foule par moment.
Le voilier, c’est aussi son équipage. Oona et Baptiste, les capitaines qui se sont succédés, Jean-Luc notre marin et Laurent notre cuisiner. Indispensables pour piloter l’annexe qui nous emmène à terre et nous embarque à l’issue de la plupart des randonnées, et surtout pour la manœuvre et l’entretien d’un navire de 28 mètres et 74 tonnes. De vrais professionnels, avec des expériences et des parcours de vie passionnants. Un grand merci à eux!
Vraiment que du positif? En cherchant bien, je vais profiter de pousser un bon coup de gueule contre la compagnie aérienne SAS, mauvaise de bout en bout: achat des billets problématique sur un site internet défaillant, sièges réservés contre supplément mais finalement pas attribués correctement, 5 bagages égarés à l’aller et 6 au retour (!) et je vous passe les détails. Moralité: évitez SAS (pas facile pour les destinations scandinaves) ou les transferts à Oslo – autant y passer un jour à l’aller pour réduire le risque de perte des bagages. Mettez le précieux et l’indispensable, y compris les chaussures de randonnée et vos médicaments, dans votre bagage en cabine, et insistez pour que les bagages égarés vous soient livrés rapidement. J’ai passé 2 nuits presque blanches à l’arrivée de chaque groupe pour suivre et récupérer les bagages manquants, mais à force d’insistance et de pugnacité ils nous ont été livrés avant de larguer les amarres au matin.
Je n’ai jamais vécu un tel cumul de problèmes avec une seule et même compagnie aérienne, et pourtant j’en ai pratiqué de très nombreuses et des plus exotiques. La photo ci-dessus pourrait constituer un début de piste pour les bagages égarés: les employés au sol confondent la soute et le réacteur 😉
Pour terminer, un peu de pub: je repars l’été prochain pour le pays de la lumière, comme l’appelle les photographes. Avis aux amatrices et amateurs, les inscriptions sont ouvertes (merci à Jacques pour cette photo de l’auteur de ces lignes)!
Un immense MERCI à tous les participants, petits et grands, d’avoir contribué par votre bonne humeur, votre humour, vos talents de musicien(ne) et d’alchimiste en relations humaines, à la réussite de ces 2 semaines inoubliables et chaleureuses!
A bientôt pour de nouvelles aventures…
JS
Une réflexion au sujet de « Lofoten – chaleur et bonheur au-delà du cercle polaire »
Impeccablement organisé cette « expédition » nous a ravis. On s’est sentis proches de la nature, tant durant les heures de navigation (d’aucun ont eu un brin le mal de mer au début) que durant les randonnées « terrestres ». La vie sur un bateau est ponctuée d’imprévus qui font que le « voyage organisé » prend parfois des allures d’aventure, mais qu’est-ce que ça fait du bien ! Servis par une météo fabuleuse et il faut le dire exceptionnelle, on a écrit quelques pages de nos meilleurs souvenirs de voyage, merci au guide.