Paroles extraites de la comptine « Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n’y est pas », vous vous souvenez? Hasard du calendrier, le loup a fait par deux fois irruption dans mon quotidien hier, provoquant en moi des réactions contrastées: un coup de coeur et un coup de gueule.

Coup de coeur: « Marche avec les loups »

Une magnifique avant-première hier soir au cinéma Rex à Fribourg avec « Marche avec les loups », le nouveau film de Jean-Michel Bertrand qui sort aujourd’hui sur les écrans. La soirée était animée par Julien Perrot, fondateur et rédacteur en chef de la revue La Salamandre, qui a contribué à la promotion du film. Voir la bande-annonce sur le site de cet indispensable bimensuel.

Ce film intimiste plonge le spectateur dans le mystère de la migration des jeunes loups, la traversée de paysages sauvages et grandioses, mais aussi d’environnements qui leur sont hostiles. En filigrane la reconquête par ce prédateur de son territoire originel et la cohabitation avec l’Homme, qui rappelons-le ne figure pas à son menu (contrairement à ce que prétend la comptine).

Où l’on apprend comment le loup autorégule sa population grâce à la dispersion des subadultes qui quittent la meute à la recherche d’un nouveau territoire. Les super-prédateurs tels que le loup, mais aussi le lynx, sont indispensables à la préservation de la biodiversité. Pas besoin de l’Homme pour éviter une soi-disant pullulation des loups ou pour réguler les populations d’ongulés sauvages et ainsi préserver la forêt – le loup s’en charge. Ce qui m’amène au sujet suivant.

Coup de gueule: « Révision de la Loi sur la chasse »

Le référendum contre la révision de la Loi sur la chasse a abouti. Je ne suis pas politiquement engagé et n’ai pas pour habitude de répandre mes avis et convictions publiquement ou sur les réseaux sociaux mais là je dis: tant mieux! En conséquence, le people se prononcera cette année sur cet objet. 

Pour rappel, le Parlement a adopté en septembre 2019 après de laborieux débats une révision qui non seulement manque son but initial (une gestion plus pragmatique du loup) mais qui continue d’autoriser la chasse d’espèces protégées, comme le lagopède alpin et le coq du tétras lyre! Dès lors, comment expliquer à des randonneurs qu’il faut respecter les zones de tranquillité et les sites de protection de la faune alors que ces mêmes animaux, sur liste rouge des espèces menacées, peuvent être chassés (voir cet article)?

Le principe des tirs préventifs est également introduit dans cette révision, c’est-à-dire avant même que des dégâts soient commis. Pour couronner le tout, la Confédération délègue maintenant aux cantons la tâche de réguler les animaux menacés, alors que la Constitution fédérale stipule que la Confédération est responsable de leur protection.

Comment gérer une meute de loups, dont le territoire peut s’étendre sur plusieurs centaines de km2, à l’échelle cantonale? Les cantons disposent-ils tous des compétences scientifiques nécessaires à la régulation des espèces protégées et de la même indépendance face à certains lobbies et groupes d’intérêt? Poser ces questions c’est y répondre…

Il est malheureusement inévitable qu’un déséquilibre dans la biodiversité doive être partiellement corrigé par celui qui en est la cause: l’Homme. Les motions à la base de cette révision étaient à ce titre bien plus pertinentes. Au vu de ce qui précède, le renvoi à son expéditeur de cette révision mal ficelée tombe sous le coup du bon sens. 

Du coup…

Déplacez-vous! Au cinéma, au bureau de vote, dans les deux cas ça en vaut vraiment la peine. Et promenez-vous dans les bois, même  si le loup y est déjà…

JS