Pourquoi un brevet d’accompagnateur en montagne?

Contexte historique

Le 27 juillet 1999, 21 personnes décèdent lors du tristement célèbre accident de canyoning du Saxetbach dans l’Oberland bernois. Cette tragédie a profondément modifié les conditions de la pratique des activités en montagne encadrées par des professionnels. Une loi, puis une ordonnance sur les activités à risque, règlementent dorénavant le travail des guides de montagne, aspirants guides, professeurs d’escalade et de sports de neige, moniteurs en eaux vives et accompagnateur.trice.s en montagne (en abrégé AM pour la suite de l’article).

La mise en oeuvre de ce cadre légal s’est faite graduellement, avec comme corollaire une certaine complexité. Ainsi, un brevet fédéral d’AM a été mis en place en 2014, précédé d’une version allégée de 2011 à 2013 destinée aux AM déjà diplômés ou en formation en 2010. Depuis 2018, les AM diplômés mais sans brevet ne peuvent plus obtenir d’autorisation cantonale d’exercer. A l’exception des AM diplômés jusqu’en 2017, seuls les AM brevetés (et en formation, mais pour une période limitée) peuvent adhérer en tant que membres actifs à la faîtière de la profession, l’Association Suisse des Accompagnateur.trice.s en Montagne (ASAM). La reconnaissance internationale de l’UIMLA (Union of International Mountain Leader Associations) n’est plus délivrée qu’aux AM brevetés.

Le cadre de la pratique

Qu’est-ce que cela change pour une personne qui conduit contre rétribution des clients en montagne?

A ce stade, il convient de rappeler que le terrain de jeu de l’AM est clairement délimité: au maximum T4 avec une formation complémentaire et WT3 en hiver, moyennant pour ces deux activités l’obtention d’une autorisation cantonale d’exercer (plus d’informations sur ces échelles de difficulté sur le site du Club Alpin Suisse).

Sans brevet fédéral, les domaines T4 et WT3 ne sont donc pas autorisés pour cette personne. Idem en ce qui concerne la possibilité d’exercer dans certains pays comme la France ou l’Italie, faute de reconnaissance internationale. Côté assurance, cette même personne devra se couvrir en responsabilité civile (RC) si elle n’est pas membre actif de l’ASAM au bénéfice d’une RC professionnelle collective et avantageuse.

Exigences du brevet fédéral

L’obtention du brevet fédéral n’est pas une sinécure: travail de brevet original à élaborer puis à défendre devant des experts, randonnée estivale à préparer et à réaliser, randonnée hivernale à planifier puis à conduire, épreuve chronométrée de recherche de victimes d’avalanche, examens oraux et écrits sur les connaissances professionnelles (milieux naturels, faune, flore, géologie, histoire, météorologie, nivologie, …), la gestion des risques, les premiers secours, l’orientation, la capacité à travailler dans une seconde langue. Et 4 jours à bloquer dans l’agenda pour les 2 sessions d’examens été-hiver. Si vous voulez en savoir plus, vous trouverez tous les détails sur le site de la commission en charge de l’examen – COMEX.

Evolution du métier

La tendance générale étant au resserrement du cadre législatif, les possibilités de pratiquer sans brevet fédéral risquent encore de se restreindre, sans compter qu’un malheureux accident pourrait à nouveau accélérer ce durcissement. J’en veux pour preuve que lors de la dernière révision de l’ordonnance, entrée en vigueur le 1er mai 2019, la notion d’activités à risque proposées à titre professionnel a été redéfinie: jusqu’alors, seules les personnes percevant un revenu d’au moins CHF 2’300 par an en lien avec une activité à risque étaient qualifiées de professionnels. Désormais, quiconque gagnant ne serait-ce qu’un franc en proposant de tels loisirs est désigné comme professionnel et doit donc obtenir une autorisation cantonale.

Pour conclure

Mon autorisation cantonale d’exercer arrive à échéance le 30 juin prochain. C’est l’une des raisons pour lesquelles je me suis lancé, il y a tout juste un an, dans la préparation de l’examen du brevet fédéral. Pas simple de se replonger dans toute cette matière, car même si j’exerce régulièrement depuis bientôt 8 ans je n’aborde pas en profondeur dans ma pratique tous les domaines examinés. Une semaine d’attente après les dernières épreuves des 7, 8 et 9 mai, puis un courrier de la COMEX: examen réussi!

A côté de l’aspect réglementaire, cette préparation à l’examen du brevet fédéral m’a permis de réviser mes connaissances et d’en acquérir de nouvelles. Je peux désormais envisager sereinement la poursuite de ce magnifique métier (voir aussi cet article) et le développement de belles opportunités à proposer à mes client.e.s, que je tiens à rassurer: même breveté, mes tarifs ne changeront pas. Et pas d’inflation chez Randonnez-moi ! Par les temps qui courent, c’est assez rare pour être souligné 😉

JS

8 réflexions au sujet de « Pourquoi un brevet d’accompagnateur en montagne? »

    1. Merci beaucoup Frédérique! J’espère que tout va pour le mieux de ton côté et dans ta formation.
      Le plaisir sera partagé!

  1. Bravo Joël ! Pas facile de se remettre aux études… Félicitations pour ta réussite et au plaisir de te revoir sur les sentiers.

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