Dans la série (re)découverte de mon de pays, j’ai cette fois-ci jeté mon dévolu sur le Toggenburg et l’Alpstein. Vous situez? En route vers le Tessin ou les Grisons, vous avez sans doute remarqué cette imposante chaîne de montagnes qui borde le Walensee. Il s’agit des Churfirsten, pyramides de calcaire au sud du Toggenburg.
Quant à l’Alpstein, vous connaissez certainement son sommet emblématique: le Säntis, coiffé de son immense antenne.
Mais la région ne se résume pas à ses montagnes. Les vertes vallées, tantôt saint-galloises ou appenzelloises, abritent de charmants villages tels que Wildhaus, Lichtensteig (où sont fabriqués les Käggi fret) et bien sûr Appenzell.
En parlant de vertes vallées, on constate rapidement que cette couleur est omniprésente. Il faut préciser qu’avec plus de 2’800 mm de pluie annuellement, il y a de quoi humecter les végétaux. Par comparaison, la région de Sion n’en reçoit qu’environ 600 mm.
D’innombrables randonnées sillonnent la région, des plus tranquilles aux plus exigeantes. J’ai alterné les promenades en étoile en partant d’un hôtel judicieusement situé et les traversées de cabane en cabane.
Celles et ceux qui ont connu d’austères refuges aux dortoirs sombres et surpeuplés seront surpris par le confort des nombreuses auberges de montagne qui parsèment l’Alpstein. Petites chambres avec literie, peignoirs pour se rendre aux douches, on y prend goût.
La Berggasthaus Aescher est la plus célèbre de toutes. Depuis qu’elle a fait la couverture du National Geographic en 2015 dans la série « Places of a Lifetime » et le buzz sur les réseaux sociaux, cette auberge ne désemplit pas, à tel point que ses anciens tenanciers avaient jeté l’éponge, épuisés. Moyennant de choisir ses horaires, il est possible d’éviter la foule et même de l’immortaliser sans personne sur le cliché.
La région des Préalpes appenzelloises, de taille relativement restreinte, offre une grande variété de paysages et d’ambiances. Des itinéraires faciles et populaires, d’autres plus difficiles et moins fréquentés.
Plusieurs télécabines permettent de rejoindre certains sommets sans effort, et de combiner par exemple une montée à pied et une descente avec les installations pour s’économiser les genoux.
Autre manière de se détendre et de se soigner l’appareil locomoteur: une petite pause au bord d’un torrent pour se rafraîchir petons et gambettes.
En ce début de printemps, certains itinéraires sont encore enneigés, spécialement dans les pentes nord et les vallées encaissées. Ci-dessous un exemple de passage critique. J’ai croisé au bas de ce col des retraités, dont certains en espadrilles, qui m’ont demandé s’il y restait encore de la neige plus haut… Ils avaient réservé une cabane dans la vallée de l’autre côté et ne voulaient pas renoncer. Il ne me restait plus qu’à leur conseiller d’être prudents.
Autre anecdote: à la cabane Alter Säntis le gardien Ruedi, armé de sa pelle, est descendu faire la trace à ses clients qui s’enfonçaient dans la neige et s’écartaient du chemin. Je n’ai pas besoin de préciser qu’ils étaient mal équipés de petites chaussures de trekking, sans bâton ni piolet, encore moins de guêtres ou de carte.
Je n’ai pas encore mentionné la faune: vu un couple de lagopèdes, deux lièvres variables, des chamois, des marmottes et même deux tétras. Sans compter les inévitables chocards à bec jaune qui guettent le moindre fragment de nourriture pour s’en emparer prestement.
Vous le savez si vous lisez régulièrement mes articles, je suis très sensible à la qualité du service. Tout au long de mon séjour j’ai été frappé par l’amabilité, la gentillesse, la disponibilité et l’efficacité des personnes rencontrées. Je m’imaginais les Appenzellois petits et grincheux à l’instar du nain du même nom ou de celui immortalisé ci-dessous, mais heureusement je me suis trompé.
Au moment de quitter les Préalpes appenzelloises je me fais la promesse d’y revenir. Très certainement l’année prochaine, maintenant que j’ai collecté toutes les informations pour vous concocter une jolie virée que je mettrai ultérieurement à mon programme.
Dans l’intervalle je vous souhaite un bel été et espère vous revoir bientôt, en montagne ou ailleurs.
JS