Bien choisir ses raquettes à neige

Choisir ses raquettes à neige

La raquette à neige connaît un essor remarquable, s’inscrivant dans la tendance d’un retour à la nature et de la pratique d’un sport de plein air à la portée de tou.te.s ou presque, physiquement et financièrement. Alors qu’il y a 30 ans seuls quelques modèles étaient disponibles, l’offre actuelle est réellement pléthorique. Comment s’y retrouver? Lisez la suite!

La constitution d’une raquette à neige

Pour débuter, il s’agit de comprendre les éléments constitutifs d’une raquette à neige et leurs fonctions, ce qui orientera déjà votre choix.

Le châssis

En plastique injecté, cadre en acier ou en aluminium tubulaire, il constitue seul ou en combinaison avec des éléments en plastique ou en nylon enduit le tamis et donne sa forme à la raquette. Certaines raquettes ont adopté une forme dite en « taille de guêpe », particulièrement adaptée aux personnes de petite taille, afin d’éviter que les raquettes ne se touchent à chaque pas. Le poids de l’utilisateur.trice et sa pointure conditionnent la dimension de la raquette. La rigidité du châssis est importante: plus il est rigide en torsion, plus la raquette est efficace dans les terrains raides et en dévers. Mais une raquette peu flexible longitudinalement ne permet pas un déroulé confortable du pied. C’est pourquoi certaines raquettes présentent de la souplesse dans cette dimension et même un rocker (relèvement des extrémités).

Le tamis

Le tamis détermine la portance de la raquette, c’est-à-dire sa capacité à éviter l’enfoncement dans la neige. Selon la géométrie du tamis ou le matériel utilisé, la raquette risque de « botter », c’est-à-dire que la neige compactée va s’accumuler sous le tamis. La raquette s’alourdit, les crampons ne mordent plus, le risque de chute augmente. Les fabricants essaient de pallier à ce problème, avec plus ou moins de réussite. Les raquettes de la marque américaine MSR ont plutôt bonne réputation sur ce point, ce que confirme ma propre expérience.

Les dispositifs de serrage

Disposés à l’avant et à l’arrière de la raquette, ils composent la fixation permettant de positionner et de lier solidement la chaussure au châssis, ou plus exactement à la partie pivotante de celui-ci. Des marques comme le français TSL proposent des serrages de type « Boa » ou réglables en largeur à l’avant, et des serrages à crémaillère genre snowboard à l’arrière pour un serrage précis (voir l’image en fin d’article). MSR, l’autre grand acteur du marché en Suisse, privilégie des serrages basés sur des lanières perforées en caoutchouc et sur ses nouvelles sangles en maillage pour l’avant. Un système moins « high tech » et pas aussi simple d’utilisation mais peut-être plus robuste et durable. Il existe aussi des fixations de type « step in » mais qui nécessitent des chaussures spéciales avec un insert.

Le réglage de pointure

Il s’agit souvent d’un système cranté permettant d’ajuster la partie arrière de la fixation (p. ex. chez TSL). Sur d’autres modèles (p. ex. chez MSR) le dispositif de serrage à sangles perforées accueille une large gamme de pointures.

La griffe avant

Indispensable pour monter face à la pente. Toute raquette digne de son nom doit être munie de ce dispositif, généralement en acier.

Les crampons

En forme de pointes ou de couteaux en acier, ou intégrés dans la géométrie en plastique pour les raquettes injectées. Certaines raquettes combinent les deux. Les crampons assurent l’accroche de la raquette sur la neige dure et la glace. Ils s’useront vite sur des terrains caillouteux ou le bitume. Les crampons de certains modèles de raquettes sont remplaçables.

La cale de montée

Située sous le talon, elle facilite l’ascension en positionnant le pied plus à plat. La cale est enclenchable à la main ou avec un bâton.

Choisir ses raquettes

La première question à se poser est celle de l’utilisation de vos raquettes. En excluant les raquettes du genre « trappeur canadien » peu utiles chez nous, je distingue deux catégories:

  1. Usage sur des sentiers raquettes préparés et peu escarpés
  2. Usage hors des sentiers balisés en terrain pré-alpin et alpin

La randonnée sur des sentiers balisés ne nécessite pas une raquette particulièrement technique, bien que cette dernière devra comporter tous les dispositifs décrits plus haut. On privilégiera le confort et la facilité de chaussage et de fixation. Bon nombre de personnes auront tendance à porter des chaussures chaudes et confortables, mais souvent peu rigides. Le dispositif de serrage sera adapté afin de bien fixer le pied sans créer de points de contact sensibles, qui deviendront douloureux après quelques heures. Il est ainsi essentiel d’essayer les raquettes en magasin avec les chaussures que vous utiliserez.

Exemple d’un modèle populaire qui a fait ses preuves: les TSL 305/325. Le fabricant fournit une tabelle, principalement basée sur la pointure et le poids, afin de choisir entre les deux modèles. J’ai personnellement utilisé pendant près de 20 ans les 205/225, précurseurs des 305/325, sur tous les types de terrain. Les limites de ces modèles sont atteintes en pente raide ou gelée, ainsi qu’en neige collante (tendance à « botter »).

Lors d’une utilisation hors des sentiers balisés et dans les terrains escarpés,  la raquette doit être rigide en torsion et accrocheuse, spécialement pour les passages en dévers. Les crampons en nombre suffisant assurent de ne pas glisser. Les dispositifs de serrage garantissent une tenue sûre du pied sans risque de déchaussage. A ce titre je recommande fortement le port de souliers de montagne, ou pour le moins de chaussures suffisamment rigides.

Exemples de modèles dans les deux marques: MSR avec la série Revo Ascent 25/22 et TSL avec la série Highlander.

Détails de la fixation de la TSL Highlander

A noter que la pratique de la raquette à neige hors des sentiers balisés nécessite des connaissances du milieu alpin en hiver ainsi que du matériel adéquat, en particulier de sauvetage en cas d’avalanche (DVA + pelle + sonde). Pour rappel je vous mets en lien la cotation des itinéraires en raquettes du Club Alpin Suisse.

Il est également important de respecter les zones de tranquillité et les sites de protection de la faune, ainsi que d’adopter un comportement adéquat. Plus d’informations sur le site de la campagne « Respecter c’est protéger » et dans cet article.

Et encore quelques conseils pour terminer

Vous l’aurez compris si vous êtes parvenu.e jusqu’ici, le choix d’une bonne paire de raquettes dépend de nombreux facteurs, parmi lesquels:

  • L’usage que vous souhaitez en faire
  • Votre taille, votre poids et votre pointure
  • Les chaussures que vous porterez
  • Votre préférence pour l’un ou l’autre système de fixation

Dans tous les cas n’achetez jamais vos raquettes par correspondance! J’ai trop souvent vu des personnes équipées de raquettes de mauvaise qualité qui ont gâché leur plaisir, voire carrément inutilisables.

Prenez le temps de vous faire conseiller dans un magasin spécialisé, et surtout abstenez-vous d’annoncer au vendeur que vous allez réfléchir pour ensuite commander tranquillement chez vous le modèle essayé, au prétexte qu’il coûte 10% moins cher en ligne… En parlant de budget, une bonne paire de raquettes d’entrée de gamme coûte environ CHF 150.-. Le prix d’une paire de raquettes très techniques et légères s’approche des CHF 400.-.

N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions. Ou participez à une session d’initiation à la pratique de la raquette à neige, durant laquelle vous pourrez essayer du matériel. Prochaines dates le 18 décembre et le 30 janvier.

Belle fin d’année et bel hiver!

JS

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